Réflexions sur la Simplicité Volontaire et la Décroissance - Le site de Philippe Lahille

La démographie : un suicide collectif

Je découvre l’existence d’un organisme, l’UICM, Union internationale pour la conservation de la nature, dont le comité français travaille en partenariat avec 2 ministères, 13 organismes publics, 41 organisations non gouvernementales et plus de 250 experts. Parmi leurs priorités, la lutte contre les espèces invasives. Pour protéger les espèces en voie de disparition, il faut lutter contre d’autres dites invasives, ceci afin de préserver la biodiversité. Mais, parmi les espèces invasives, pas un mot sur la plus problématique : l’Homo Sapiens. Voilà le sujet du jour : la démographie galopante de l’espèce humaine.

Je suis toujours très surpris par ce discours consensuel des politiques, économistes ou journalistes pour louer notre bon taux de natalité et déplorer la natalité en berne de certains autres pays.

On se félicite dans les médias d’un excellent taux de natalité, d’un taux de natalité bon pour la croissance, d’un atout pour notre pays, d’un puissant espoir pour demain, d’une démographie très favorable
Nous en sommes fiers, nous le considérons comme un atout par rapport à nos voisins, nous l’interprétons comme un facteur de croissance pour l’avenir. Ces enfants seront les actifs de demain qui paieront nos retraites, à moins qu’ils ne deviennent les inactifs de demain qui pointeront à Pôle Emploi. Tout dépend du point de vue. Mais peu importe.

Cet aveuglement m’effraie et me consterne.

Voilà encore une vision à court terme (une ou deux générations) et uniquement centrée sur une gestion comptable à la petite semaine.

La démographie, comme le soulignait l’actuel Dalaï-Lama, est le problème numéro 1 sur cette planète, loin devant les préoccupations environnementales, sociales ou économiques. Car la surpopulation mondiale est la cause de tous les autres désordres. Or, on consacre des efforts considérables à lutter contre la crise économique, à produire plus d’énergie, (des efforts moins considérables) à essayer de protéger notre environnement, mais on oublie totalement la cause.

Si la population mondiale était restée raisonnable et maîtrisée, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les experts avancent le chiffre de 1,5 milliards d’habitants maximum sur Terre pour vivre décemment et surtout durablement. Les ressources naturelles suffiraient amplement, l’exploitation des énergies fossiles pourrait se poursuivre encore très longtemps, l’agriculture serait moins intensive et plus qualitative, l’environnement mieux protégé… Nous savons tous que le problème vient d’un croisement de deux courbes : l’une croissante qui est celle de la population mondiale, l’autre plongeante, qui est celle de la raréfaction des ressources. L’effet conjugué des deux crée une accélération vertigineuse. Comme je le disais dans un précédent article, nous allons droit contre le mur, et en accélérant plutôt qu’en freinant.

Les pays à forte natalité devraient être montrés du doigt comme étant les mauvais élèves, ceux qui font courir le monde à sa perte. Or, c’est exactement le contraire. C’est comme si on décernait des prix de bonne conduite aux industries qui polluent le plus pour le motif même qu’elles polluent le plus.

On récompense les familles les plus nombreuses par des aides, alors qu’elles devraient être sanctionnées ! Ouf, là je perçois le politiquement incorrect qu’on ne va pas manquer de me reprocher. Et pourtant… À l’échelle mondiale, tous pays confondus, du Nord comme du Sud, on devrait consacrer des efforts considérables à prôner une faible natalité, à élargir l’accès aux moyens contraceptifs, à éduquer les populations dans ce sens et à les y inciter fermement. Excepté la Chine, je ne connais pas d’autres pays qui aient pris des mesures fermes en ce sens.

J’ai conscience que faire baisser la courbe de la démographie sur Terre n’est pas chose aisée, mais la laisser croître comme aujourd’hui est un suicide collectif. Certes on ne va pas noyer les nouveau-nés, lâcher quelques bombes H sur les plus grandes mégapoles ou disséminer des virus pour éliminer les trois quarts de la population. Mais ne rien faire est aussi assassin.

Pour conclure, comment inverser les courbes ? Quelle prise de conscience planétaire faudrait-il pour cela ? Qui l’insufflerait ? On voit bien que cela relève de l’utopie. Alors laissons faire, et la Nature se chargera de la sale besogne. On sait que toute espèce proliférant démesurément finit par s’auto-asphyxier, s’effondrer, voire disparaître. Parce que la Nature ne supporte pas le déséquilibre. En définitive, c’est l’Homme qui a tout à y perdre. La Nature a existé avant nous et continuera très bien (et même mieux) après nous.




 
 



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