Réflexion sur la consommation et la crise économique
Nous connaissons actuellement l’une des pires crises économiques qui a pour effet de donner un sérieux coup de frein à la croissance et d’augmenter encore davantage la précarité. Crise d’un système ? Curieusement, peu de voix s’élèvent pour remettre en question le libéralisme économique. Bien au contraire, les gouvernements s’évertuent à nous convaincre qu’il ne s’agit là que d’une crise passagère, que les fondements mêmes de l’économie libérale ne sont pas en cause et qu’il suffit, pour sortir de ce marasme, de reprendre confiance et surtout, de consommer, encore consommer et toujours plus consommer ! Seule une relance de la consommation peut sauver l’économie, pérenniser nos emplois et nous faire oublier cette mauvaise passe. Alors tous à vos caddies, et qu’ils soient bien remplis, comme avant, comme du temps où la croissance faisait les beaux jours des places financières.
Faut-il donc être un mauvais citoyen pour oser inviter à moins consommer... Ai-je des scrupules ? Pas une seule minute. Voilà quarante ans que nos sociétés occidentales usent de toutes les ruses pour nous pousser à consommer plus que nécessaire. Les industriels ont inventé les produits Kleenex. Fini le bon vieux réfrigérateur, le téléviseur ou la chaîne hi-fi qui duraient trente ans. Pas bon pour le commerce ! Alors les ingénieurs ont concocté de nouveaux produits périssables, qui ne résistent guère que quelques mois au-delà de la garantie constructeur. Et pas question de réparer. Les boîtiers sont sertis, inviolables, ils ont inventé des vis que vos tournevis ne peuvent dévisser. Les SAV nous expliquent, narquois, qu’il sera plus onéreux de réparer que d’acheter du neuf. Alors on nous propose chaque année de nouveaux modèles, toujours plus sophistiqués, toujours plus fragiles, toujours plus Kleenex. Les médias, et leurs donneurs d’ordre que sont les publicitaires, veillent à ce que nous soyons toujours en manque de quelque chose. Ils usent de tous les stratagèmes pour que nous nous précipitions sur la dernière nouveauté (dont nous n’avons que faire mais qu’il semble pourtant indispensable de posséder). Les banques et les sociétés de crédits prennent le relais en nous proposant sans vergogne de nous surendetter au-delà du supportable.
Tout cela dans un mépris total de l’écologie ! On pille les ressources naturelles de la planète. Des écologistes (pensez donc, de doux rêveurs illuminés) tirent le signal d’alarme depuis trente ans. Les lobbies se chargent de les faire taire ou de dénigrer leurs combats. Et voilà que le château de carte s’écroule. Aujourd’hui, de plus en plus de consommateurs avertis ont pris conscience de la supercherie et réagissent. Ils se tournent vers des solutions alternatives, réduisent leur consommation, redécouvrent le troc, s’affranchissent de la publicité pour retrouver enfin un peu de liberté. Et il faudrait leur jeter la pierre, leur faire porter la responsabilité de la crise et de la récession ? C’est aux gouvernements, aux financiers, aux industriels et aux grands distributeurs de revoir leur copie. Ils ont abondamment tondu la laine sur notre dos pendant des décennies, voilà qu’il n’y a plus de laine. Nous sommes les premières victimes et il faudrait que nous devenions aussi les responsables ? à eux de se remettre en question et d’imaginer un nouveau modèle économique vertueux, respectueux des individus et de la planète. à nous, citoyens (et accessoirement consommateurs), de trouver nos propres solutions. Elles passent par la simplicité volontaire et la frugalité. Nous devons enfin prendre conscience que notre bonheur ne dépend pas de la quantité de ce que nous achetons, mais de la qualité de notre vie et de notre enrichissement intérieur. Retrouvons dès maintenant notre autonomie en nous affranchissant autant que possible de cette société d’hyperconsommation, et advienne que pourra…
Une chose est certaine : ce seront les décroissants qui seront les mieux préparés, tant sur le plan matériel que psychologique, à supporter toute crise économique ou sociale !